Baltimore, 2015, j’y étais! L’après, partie 2. Baltimore, 2015, I was there! After, part 2

De retour à Montréal, j’avais enlevé mon masque. J’étais authentique, je débordais de joie de vivre. J’engageais la conversation avec des inconnus. Des inconnus qui devaient se dire : « Elle est bizarre, cette fille. Pourquoi elle vient me parler?! Je ne la connais même pas! ». Je pratiquais l’Advertising Libre partout, tout le temps. Au bureau, chez le dentiste, à la banque, à l’arrêt d’autobus, sur les médias sociaux.

Qu’est-ce que j’ai appris?
  • Quand tu as appris que tu pouvais prendre ce que la société juge comme étant un Handicap Terrible et Dramatique et t’en servir comme prétexte pour faire une tonne de choses que tu aimes,  tu n’es plus intéressée à faire semblant de ne jamais avoir vu la couleur de cette Chose Horrible et Monstrueuse et à faire semblant d’être née avec une parole « parfaite ». Je ne suis pas parfaite, d’accord? Mais qui l’est?
  • Quand tu apprends que la communication va bien au-delà de la fluidité de la parole, que tu as une volonté irrésistible de communiquer avec les gens, même si c’est dans ta langue seconde, tu constates que la beauté de la communication, c’est l’authenticité et l’être humain qui est derrière.
  • Quand tu parles simplement avec des parents d’enfants qui bégaient, que tu les rassures en leur disant que le bégaiement n’est pas leur faute et que mieux encore, les parents en question te perçoivent comme un modèle pour leur enfant, les principes « d’avoir un enfant parfait, plus beau et plus performant que ceux des voisins » prennent le bord. Je ne suis pas parfaite et je bégaie, l’ai-je déjà dit?  J’ai envie de dire à toutes les Léa, Léa-Rose, Léa-Lou et Léa-Lola de la nouvelle génération qu’elles ont la permission de défaire leurs nattes blondes et refuser de manger tout le contenu de leur assiette.
  • Quand tu crées des liens avec environ 100 personnes en une semaine, des gens de 7 à 77 ans des quatre coins de l’Amérique du Nord et d’ailleurs dans le monde, tu apprends qu’il y a un univers à découvrir au-delà de ton petit monde.
  • Quand tu fais la connaissance de gens qui ont une soif de vivre et une résilience qui vient avec leur bégaiement, tu reviens à la maison en ayant moins de tolérance face aux jérémiades pour des choses futiles et/ou incontrôlables, comme le temps qu’il fait dehors ou le fait d’avoir un minuscule bourrelet que personne ne remarque, sauf toi-même.
  • Quand tu rencontres des gens qui ont un parcours de vie différent du trio mariage-enfants-maison-et ça urge avant 28 ans, et que tu te poses la question : est-ce que ces personnes ont raté leur vie car ils/elles n’ont pas suivi les standards de « réussite » préétablis par la société? Et mieux encore, j’ai rencontré des personnes qui bégaient et qui vivent des réussites professionnelles, scolaires, sociales, ou autres. Je me rappelle d’un moment où j’étais assise quelque part dans la salle pendant une session à micro ouvert et cette constatation m’avait frappée. Mes propres préjugés et tout ce que la société avait tenté de m’inculquer de négatif à propos du bégaiement venaient de s’effondrer, à mon plus grand soulagement. Le bégaiement n’était donc plus synonyme d’échec, de malheur, de tare, de fatalité ou de faute grave.
  • Quand tu te rends compte que ce qui tu es heureuse dans la vie, que tu as un emploi que tu aimes, la santé, et que tu es bien entourée, mais qu’au-delà de cela, écrire, communiquer, parler, voyager, rencontrer des gens, créer, développer des projets et t’impliquer dans une cause qui te tient à cœur te permet de t’épanouir dans d’autres sphères de la vie, tu en viens à remettre en question certains standards typiques de réussite sociale. Serais-je plus heureuse avec une voiture de l’année, une grosse maison avec une statue de lion devant l’entrée, une hypothèque, un nouveau lave-vaisselle, une immense télévision et du matériel à profusion?

Baltimore m’a changée. Pour le mieux.

Attendez une minute.

Est-ce que je viens d’écrire un texte d’éloge au lâcher-prise? Pourtant, ce n’est tellement pas mon fort.

On se voit à Atlanta!

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When I was back in Montréal, I decided to put off my mask. I just was myself, full of happiness. I started conversations with strangers. These strangers probably thought to themselves : « This girl is weird. Why did she talk to me? I don’t even know her! » I advertised freely everywhere, everytime. At my workplace, at the dentist office, at the bank, at the bus stop, on social medias.

What did I learn?

  • I learned that I could turn something that the society judge as a Terrible and Dramatic Disability as a pretext to do a lot of things that I enjoy. So I am not even interested to pretend never had this Horrible and Horrendous Thing and pretend to be born with a « perfect » speech. I am not perfect, right? But who is?
  • I learned that the communication is more than the fluence of speech. I had an irresistible willingness to communicate with people, even if it was in my second language. I noticed that the communication is just the honesty and the human being behind it.
  • I talked with parents of children who stutter. I reassured them and I told them that stuttering was not their fault. Even better, parents perceived me as a role mode for their children. I am not perfect and I stutter, did I already say it?! So, the mentality to raise perfect kids who are better than the neighbours have no more value.  I just want to tell to every Léa, Léa-Rose, Léa-Lou and Léa-Lola of the new generation that they could disarrange their perfect little blond ponytails and refuse to eat all the content of their plate…
  • When you talk with about 100 people in one week and you make new friends aged 7 – 77 years old, across North America and around the world, you learn that there is a universe beyond your little world.
  • When you met people with happiness and resilience with their stuttering, you return home with less tolerance for the whining about things that you can’t control, such as the weather or a tiny bead that nobody note, except yourself in the front of the mirror.
  • I met people with journeys outside the pattern « marriage-kids-house before 28 years old because without this, my life will be a failure ». Did these people really fail their life because they did not follow the « successful standards » in the society? Even better, I met a lot of people who stutter who have success at school, at work and in their private life. I remember a moment when I was sitting in the room for an open mic session, surrounded by hundreds of people who stutter, and I had that thought. My own prejudices and all the negative thoughts that the society tried to teach me about stuttering had not more value at this moment. Stuttering is not a synonym of failure, sadness, disaster, sin or dramatic thing.
  • I realized that I am happy in my life. I have a good job, health, family, friends…but beyond this, writing, talking, communicate, traveling, meeting people, creating, developing new projects and being involved in a cause makes me happy. Will I be happier with a new car, a big house with a lion statue in the front of the door, a mortgage, a new dishwasher, a new TV and more material than I have right now?

Baltimore made me change, in a good way.

Just wait a minute…did I write an article about letting go? Usually, this is not my forte.

 

See you in Atlanta!

Baltimore, 2015, j’y étais! L’après, partie 2. Baltimore, 2015, I was there! After, part 2

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